Paris Modes



EXTRAIT: 2'19''

Production: Paris Modes Productions
Réalisation: Rémy Dupont
Diffusion: Paris Première
184 épisodes

Même si vous faites partie de ces gueux qui n’ont pas le câble et s’habillent discount, vous connaissez Paris Modes, l’émission de Marie-Christiane Marek. Marie-Christiane – quel prénom délicieusement suranné –, vous savez, c’est cette dame blonde, un rien dame patronnesse, qui recueille, entre deux défilés de mode, les confidences des plus grands stratèges du textile : Mugler, Gaultier ou Alexander McQueen. Grâce à son obstination, Paris Modes – ne dirait-on pas un de ces noms délicieusement passés de mode, justement, comme en avaient autrefois les boutiques de province ? – est devenu l’étendard soyeux et brodé de Paris Première et claque au vent du câble, depuis sa création, il y a bientôt cinq ans.
Il faut avouer que les défilés constituent un des spectacles télévisuels les plus envoûtants qui soient. Comment avoir le cœur de zapper ces beautés divines qui s’avancent vers nous, froides comme des épées, avant de s’en retourner brusquement vers le néant, où des laquais serviles vont les déshabiller ? Un teasing visuel implacable : « Je voulais depuis toujours faire un magazine télé sur la mode. J’avais flairé que les défilés étaient quelque chose de très audiovisuel », confesse Marie-Christiane. D’autant que ce ballet de nymphes hypnotise toute la famille : monsieur est tétanisé par ces déesses qui dévoilent un téton glacé, madame pense avec angoisse qu’elle devrait appeler son diététicien. Surtout, chacun joue à « Ki-ai-la-pus-bel », le jeu de société qui déchire tous les couples modernes : « Ah ouais ? Tu la trouves bien Kate Moss ? Mais enfin, c’est un sac d’os, un petit singe. »
Bref. Marie-Christiane est un peu notre envoyée spéciale sur le front de la couture, une grand reporter de la mondanité qui accomplit un impeccable travail de journaliste : une émission hebdomadaire de cinquante-deux minutes durant l’année, complétée, pendant la période des collections, par un programme quotidien qui propose, tout au long de la semaine, les défilés des créateurs, à Paris, Milan, Londres ou New York. Une omniprésence rendue possible par son parcours : « J’ai longtemps travaillé pour la presse féminine, notamment à Dépêche Mode. Parallèlement, j’ai commencé à collaborer dans les années 80 avec certains couturiers, m’occupant de l’organisation ou de l’accessoirisation des défilés. Je connais pratiquement tous les créateurs. » Certains esprits chagrins lui reprocheront de ne pas être très critique. C’est ne pas comprendre que Marie-Christiane fait le lien entre l’univers des Dieux et celui des Hommes. Et puis la mode est un univers trop virtuel pour être critiquable. Les critères d’appréciation viennent à manquer. Le spectateur ne cesse de s’interroger : qui peut bien porter ces robes ? Dans quelles occasions et à quel prix ? Pourquoi tel mannequin a-t-il accédé au rang de top model et pas l’autre ? Où réside la créativité de ce créateur tant célébré ? Tout baigne dans un halo inexplicable et mystérieux.

En somme, c’est la marchandise élevée à un niveau de transcendance, parée d’une aura quasi divine. Un peu comme l’aristocratie incarnait autrefois un groupe social distingué d’entre les humains. Pas étonnant que Marie-Christiane Marek nous rappelle la Madame Verdurin de Proust s’aventurant dans le salon des Guermantes.

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